.......Décembre 2009
INTRODUCTION
Au cours des siècles passés, des millions d’hommes,
sur tous les continents, furent soumis à l’oppression coloniale, ou à
l’esclavage pur et simple dans le cadre de la traite négrière.
Dans
la seconde moitié du XXe siècle, la plupart des peuples colonisés ont
secoué le joug colonial et reconquis leur indépendance au terme de
mouvements populaires et parfois de guerres longues et atroces...
Les années 80 et 90 du siècle dernier ont vu la disparition des
Etats socialistes européens. Après les attaques de
septembre 2001 contre les symboles de la domination des Etats-Unis, on
a assisté, sous couvert de « pacification », de « lutte contre le
terrorisme et pour la démocratie » à la reconquête militaire de
territoires qui n’ont pas accepté le contrôle imposé au monde entier au
cours de la période néocoloniale qui a suivi les indépendances.
Le combat actuel des anticolonialistes doit s’adapter à cette nouvelle étape :
1)
Lutte contre le révisionnisme historique, qui tente de présenter la
colonisation ancienne comme un fait positif afin de mieux justifier les
actuelles et futures opérations de reconquête.
2) Lutte pour la
dissolution des armées coloniales, au premier chef celle de notre
propre pays, que la politique du président Sarkozy transforme en force
supplétive de celle des Etats-Unis, aussi bien en Afrique qu’en
Afghanistan, au Proche-Orient, et bientôt dans la base d’Abu Dhabi qui
reste à construire. L’exigence du retour en France de tous les soldats
français qui composent cette armée coloniale est donc prioritaire pour
tous les anticolonialistes.
3) Lutte pour soutenir les combats des
peuples qui désirent retrouver leur souveraineté politique (Irak,
Afghanistan, Palestine, Sahara occidental) ou économique (Venezuela,
Bolivie, Equateur, Brésil). Ceci, quelle que soit la voie qu’ils auront
choisie pour le faire.
4) Lutte pour organiser la solidarité
internationaliste entre les peuples des pays dominants (qui souffrent
des politiques d’austérité imposées dans le but, entre autres, de
financer des opérations extérieures) et les peuples des pays dominés
(qui subissent sur leur propre territoire des pressions militaires,
économiques et culturelles insupportables de la part de l'impérialisme
et de nouveaux exploiteurs autochtones), dans le but de combattre le
racisme et de mettre un terme aux discriminations dont sont victimes
les travailleurs immigrés.
5) Lutte pour instaurer de nouveaux
rapports « d’assistance mutuelle » et « d’échange à égalité » avec les
pays anciennement colonisés, dans le respect le plus strict de leur
souveraineté nationale.
Il incombe à l’ACCA, association anticolonialiste française,
d’alerter l'opinion sur les véritables raisons de la réintégration de
la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Cela ne saurait se
résumer comme on le lit trop souvent à la seule personnalité du
président Sarkozy.
L’accélération récente, depuis les années 90, de
la mondialisation capitaliste, a précipité l’intégration forcée d’un
certain nombre d’économies dans ce que l’on appelle « le marché libre
», dominé par les Etats-Unis. Pour les pays anciennement colonisés, les
programmes d’ajustement structurel imposés par la banque Mondiale et le
FMI ont fait l’essentiel de ce travail de restructuration des habitudes
économiques locales. Dans le cas des pays développés, comme le nôtre,
cette globalisation des objectifs économiques et des centres de
décision s’est faite de la même manière par la désindustrialisation, la
destruction des politiques sociales et le bouleversement général des
équilibres économiques anciens. En accordant la priorité à la finance,
la mondialisation a fait régresser le degré d’autonomie de tous les
pays concernés par rapport à la puissance américaine.
Depuis les
années 80, aucun des gouvernements de notre pays n’a tenté, même de
manière timide, de retarder l’invasion financière étasunienne. C’est
pourquoi en 2008 43 % des entreprises du CAC 40 sont sous le
contrôle direct de grands fonds dont le siège se trouve
outre-atlantique.
C’est de cette manière qu’il faut analyser
l’alignement total de la politique étrangère française sur celle de
l’impérialisme depuis l’arrivée au pouvoir du président Sarkozy. Non
seulement, désormais, le sentiment de solidarité des chefs
d’entreprises français est de plus en plus grand à l’égard de la
domination économique américaine, mais, en plus, les pressions émanant
des cercles de décision des grandes firmes étasuniennes sont de plus en
plus fortes sur tous les pays dont les intérêts économiques
correspondent de plus en plus aux leurs.
L’ACCA, tout en
préservant sa référence aux combats passés (Association des Combattants
de la Cause Anticoloniale) se définit désormais résolument, dans son
nom même, comme une organisation tournée vers les combats actuels et à
venir : Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui.
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I - LA COLONISATION : UNE HISTOIRE EN EVOLUTION
La
colonisation, dans l'histoire moderne, des Grandes Découvertes jusqu’au
début du XXIè siècle a connu quatre grandes phases, dont la
dernière est encore en évolution : la période mercantiliste, du XVIè au
début du XIXè. La phase impérialiste, de ce moment jusqu’au milieu du
Xxè. L’étape néo-coloniale ensuite, des indépendances jusqu'au déclin
de l’Union Soviétique au milieu des années 1980. Enfin, et
parallèlement dans diverses régions, celle de la recolonisation
appuyée par la force des armes, dans laquelle nous nous trouvons
depuis cette période, jusqu’à aujourd’hui.
Une première étape mercantiliste, celle de l’invasion, de la conquête
militaire et de l’implantation européennes sur l’ensemble du continent
américain, au cours de laquelle les occupants envoyaient vers les
métropoles des galions chargés d’or et de denrées rares cultivées par
des esclaves (épices, cacao, café, sucre). Elle a permis une
phénoménale accumulation de capital qui a donné à l’Europe une
considérable avance sur le reste du monde. C’est là un fait historique
indiscutable.
Ce fut l’occasion de la première mondialisation
économique, qui a coïncidé, dès le XVIè siècle, avec les
premières entreprises coloniales menées par l'Espagne et le
Portugal. Puis le reste de l'Europe leur emboîta le pas : l’Angleterre,
La France, la Hollande, partirent à leur tour à la conquête de
nouvelles terres. La France, avec un peu de retard, prit cependant de
solides positions en Amérique du nord et dans les Antilles.
L'invasion européenne a été immédiatement accompagnée par un
crime de masse : l'exploitation sanguinaire de travailleurs dans les
mines et dans l'agriculture a fait disparaître plusieurs dizaines de
millions d'Amérindiens en deux générations. Au point qu'il fallut
que les exploiteurs aillent se pourvoir en main d'oeuvre gratuite
en Afrique : la traite négrière fut le second crime attribuable à la
colonisation : au moins 15 millions d' Africains furent réduits en
esclavage. Près de 20 millions périrent au cours des captures et durant
la traversée de l' Océan.
Mais dès le début du
XIXè siècle commence la deuxième étape historique, marquée
par un changement radical de la colonisation classique, qui prend un
caractère impérialiste : l’exploitation à grande échelle, de manière
systématique et rationalisée, des ressources minières agricoles et
forestières du monde entier, ainsi que la conversion forcée des
économies dominées à des productions destinées à l’exportation
vers les métropoles impériales ( Europe, Etats Unis, Japon) vont
permettre un essor industriel que la phase précédente de simple
accumulation du capital n’avait pu assurer.
L’ Angleterre,
qui se trouve à la pointe du développement du capitalisme,
prône le « libéralisme économique », qu’elle va chercher à
imposer grâce à sa supériorité maritime et commerciale, tournant le dos
aux anciennes formules purement mercantilistes et
esclavagistes de l'exploitation coloniale.
Cette
fois, pays européens, Japon et Etats-Unis vont conquérir puis se
partager le monde, tandis que la Russie, s'étend vers l'est, Asie
Centrale et Sibérie, conquiert l'Alaska, prenant ainsi pied sur le
continent américain.
Marchés réservés,
délimitation des zones d'influence, les empires se tolèrent
mutuellement, occupés qu'ils sont à piller les territoires conquis en
Afrique, en Asie, en Australie et dans le Pacifique. Cette prétendue «
mise en valeur civilisatrice » s'accompagne en fait d'un surcroît
de racisme à l'égard des « indigènes », considérés comme des
êtres de rang inférieur.
Le développement spectaculaire de
l'industrie des pays impérialistes est à attribuer en très grande
partie aux bénéfices accumulés grâce à l'apport des matières premières
extorquées, de la main d'oeuvre réduite à la corvée, des
marchandises et objets précieux tout simplement volés.
La
compétition entre puissances prédatrices bat son plein, mais elle
n'empêche pas l'entente : la Conférence de Berlin au cours de laquelle
l'Europe se partage le continent africain, permet des 1884 de réguler
les flux et d'organiser les pratiques, tout en définissant les règles
de partage des territoires conquis. L’Afrique, puis l’Asie sont alors
découpées comme au ciseau ; on trace les frontières à la règle, sans
tenir compte des réalités locales.
Au début du XXè siècle, aucun pays du monde n'échappe à la tutelle de l'une ou l'autre des puissances impériales.
La troisième phase de la colonisation est caractérisée par l’apparition
d’un nouveau système d’exploitation et de pillage, le néo-colonialisme,
mis en place après l’accession des pays anciennement colonisés à
l’indépendance.
Car des rebellions armées ainsi que de
puissants mouvements de masse, parfois assez bien organisées pour
provoquer le départ des colonisateurs, ayant déclenché, à partir du
milieu du XXè siècle, des guerres de libération aboutissant à
l’indépendance de quelques pays, le danger d’une généralisation des
conflits coloniaux contraignit les puissances impériales à accorder
l’indépendance à la plupart des pays colonisés. L’Angleterre évacua
l’inde et le Pakistan en 1947, le Japon et les pays occidentaux
perdirent leurs possessions en Chine entre 1945 et 1949. L’Indonésie
fut libérée dans le courant des années 1950 de l’occupation
hollandaise. La France accorda l’indépendance à l’Afrique noire puis au
Maghreb entre 1956 et 1962. Les Etats-Unis perdirent leur contrôle sur
Cuba en 1959. La Belgique évacua le Congo en 1960. Espagnols et
Portugais quittèrent leurs dernières colonies dans le courant des
années 1970.
L’exploitation néo-coloniale est caractérisée par une
fausse coopération technique provoquant une forte dépendance
économique, organisée dans le but de diriger les flux financiers vers
les anciennes métropoles. A cela il faut ajouter les « programmes
d’ajustement structurel » de la Banque Mondiale et du FMI, qui ont
réintégré de force dans le « marché libre »des économies
fragilisées par la dette. On notera l’exception de Cuba, qui est
parvenue, par une résistance acharnée et exemplaire, et en dépit
du handicap que constitua pour elle la perte de l’aide que lui
accordèrent longtemps l’Union Soviétique et divers pays socialistes à
tenir tête aux Etats-Unis, malgré un embargo particulièrement sévère.
Mais
dans la plupart des cas des accords de coopération militaires
permettent à l’ancien colonisateur d’installer sur place des
corps expéditionnaires et des bases permanentes. Un très grand
nombre d’opérations, extrêmement meurtrières pour les populations, vont
être menées au cours de cette période néo-coloniale, afin de mettre un
terme par la violence à toute velléité de résistance populaire locale à
ce pillage organisé.
C’est au milieu des années
1980 que commence la recolonisation militaire des pays qui osent
s’opposer aux menées du front impérialiste dirigé par les Etats-Unis ;
elle coïncide avec le déclin puis l’effondrement de l’Union Soviétique.
Les Etats-Unis, vainqueurs de la Guerre froide, se lancent dans une
série d’opérations de reconquête destinées à assurer le maintien
de leur contrôle sur les voies de transport, les sources d’énergie et
les matières premières. De manière réitérée, sous couvert de «
défense de la démocratie » ou de « lutte contre le terrorisme »,
les Etats Unis vont mener plusieurs actions militaires
d’envergure (seul ou avec des troupes alliées, avec ou sans
le soutien de l’ONU), pour pouvoir s’implanter durablement dans les
territoires envahis.
Ainsi, lorsque l'Angola se libère du
colonialisme portugais, le principal mouvement indépendantiste doit
faire face à l'agression de l'Afrique du Sud qui avec le Zaïre et les
Etats-Unis tentent de faire main basse sur le pays et ses richesses.
L'intervention
militaire cubaine mit un terme aux prétentions de Prétoria défait sur
le terrain. Elle contribua largement, comme l'a souligné Nelson MANDELA
à plusieurs reprises, à hâter la chute de l'apartheid et à
l'indépendance de pays voisins. Elle fut l'oeuvre d'une armée et d'un
pays qui n'ont rapporté d'Afrique que leurs morts.
Les
caractéristiques du processus colonial, tel qu’on le connaît depuis
1492, sont encore présentes dans le phénomène actuel de la
recolonisation, même si pour des raisons géopolitiques et du fait de la
résistance populaire, les formes peuvent en paraître atténuées :
invasion violente, puis occupation militaire prolongée, politique de
terreur, exactions contre les peuples occupés sous le prétexte de «
pacification » ; mainmise économique et tutelle politique ensuite, avec
organisation du transfert de richesses vers les métropoles
impérialistes ; installation au pouvoir d’une bourgeoisie
collaboratrice coordonnant le pillage économique et la répression
politique aussi bien pour son propre compte que pour celui de
l'impérialisme, ce qui va de pair avec l’agression culturelle, et
l’imposition des modèles occidentaux culturels et philosophiques.
haut de la pageII - LA COLONISATION FRANCAISE :
EXACTIONS ET PROPAGANDE
L'Etat français prétend aujourd'hui avoir opéré la décolonisation de
tous les territoires occupés jusqu'en 1962. De ce fait, beaucoup de nos
concitoyens considèrent le phénomène colonial comme appartenant
au passé. On assiste pourtant à une offensive de la droite (que la
gauche traditionnelle n'a contré qu'avec mollesse), qui montre une
volonté certaine de réhabiliter l'action colonisatrice de la
France : une certaine forme de révisionnisme historique tente de
remettre au goût du jour, avec la loi de février 2005, l'idée
fallacieuse d'une « action positive de la colonisation ».
1- Les exactions de la colonisation française
Et pourtant, la violence, l'injustice et l'exploitation sont
inscrites dans l'histoire mondiale de la colonisation depuis ses
débuts. La France ne fait pas exception. Aussi bien en Louisiane que
dans les Antilles, puis à la Réunion, la France a eu recours à la
traite négrière pour exploiter les ressources agricoles de ses
possessions d’outre-mer. Ce crime ignoble, qui a enrichi bien des
négriers et des planteurs, a battu son plein pendant trois siècles.
Ensuite, dans la période suivante, une fois l’Afrique occidentale, le
Maghreb et l'Indochine conquis au XIXè siècle, la spoliation des
peuples au profit de la métropole a été rendue possible par
l'organisation dans l’Afrique colonisée d'une tutelle
administrative et politique stricte. Celle-ci retira tout droit
réel aux premiers habitants, réduits à l'état de sujets. Ce statut
inférieur de « l'indigénat », particulièrement rigoureux et injuste,
punissait avec la plus grande sévérité la simple désobéissance et
toutes les formes de résistance. Violences corporelles, travail forcé,
déplacements de population, dépossession, destruction de langues et de
cultures locales au profit d'une assimilation contrainte, le bilan
moral de la colonisation, d'un simple point de vue humaniste, est
absolument catastrophique. Au crime initial de l’asservissement et de
la conquête par la force s'est ajouté celui d’ une occupation
militaire féroce et prolongée.
2. Les mensonges de la propagande colonialiste
Après la seconde guerre mondiale, quelques concessions furent accordées
aux peuples colonisés, comme la suppression du statut de l'indigénat et
du travail forcé. Mais les révoltes s'accumulant dans tout l'Empire, la
répression s'abattit avec une sauvagerie meurtrière, qui fit des
dizaines de milliers de victimes civiles, aussi bien dans le
Constantinois en 1945 qu'à Madagascar en 1947, en Côte d' Ivoire en
1949, en Tunisie et au Maroc en 1951 et 1954, au Cameroun entre 1954 et
1960. En Indochine et en Algérie, les insurrections ne purent
être matées et devinrent des guerres coloniales. Sous la conduite de Ho
Chi Minh et de Giap, le peuple indochinois en armes imposa en 1954 le
départ des troupes françaises. Vietnamiens, laotiens et cambodgiens
eurent ensuite à chasser le corps expéditionnaire dirigé par les
Etats-Unis.
En Algérie, l'insurrection commencée en 1954
s'acheva en 1962 par l'indépendance, au terme d'une longue guerre
cruelle et meurtrière. Aussi bien en Indochine qu'en Algérie, le nombre
exact des victimes ne peut être évalué avec précision.
Tous ces massacres sont mal connus. Les historiens doivent pouvoir
obtenir le libre accès aux archives politiques et militaires concernant
ces crimes de masse, car ces informations capitales doivent entrer dans
le bilan humain de la colonisation, que certains propagandistes tentent
actuellement de présenter comme une action « positive et civilisatrice
».
Cette vision idéalisée de l'occupation coloniale que
la droite et l'extrême droite française tentent d'accréditer au travers
de la loi de février 2005 n'est fondée que sur des mensonges. Ainsi,
par exemple, la scolarisation primaire n'a jamais concerné plus de 5%
des enfants noirs de l'Afrique Occidentale Française. En Algérie, après
cent ans d'occupation, en 1940, seuls 114 000 enfants autochtones (pour
une population totale de sept millions de personnes) bénéficiaient d'un
enseignement primaire. Quant à la soi-disant action sanitaire, elle n'a
jamais atteint les campagnes. L'infrastructure ferroviaire et routière,
conçue seulement pour acheminer aisément vers les ports les matières
premières et le produit des récoltes, n'a jamais profité aux peuples
colonisés, relégués sur les sentiers, marchant sur le talus des routes
stratégiques de la colonisation.
Haut de la pageIII – LA REMISE EN CAUSE DES INDEPENDANCES PAR LA NEO-COLONISATION (1960-1990)
Après
avoir accordé, parfois à la suite de conflits longs et coûteux, leur
indépendance politique aux anciennes colonies, toutes les anciennes
puissances coloniales mirent en place un système d'exploitation et de
pillage d'un type nouveau : le néo-colonialisme : tutelle politique,
grâce à des pressions et des chantages incessants, tutelle économique
avec la complicité de bourgeoisies locales, plus intéressées à
s'enrichir qu'à défendre les chances de développement de leur peuple ;
mais aussi tutelle militaire, assurée par le maintien sur place de
corps expéditionnaires agressifs et menaçants.
1. FMI et Banque Mondiale, organisateurs de la dépendance
Par
ailleurs, tout ayant été fait pour que les différentes nations, souvent
divisées par des frontières artificielles et fantaisistes, entrent en
conflit, l'ancien colonisateur se plaça en arbitre et en profita pour
mener une politique de réimplantation militaire lourde de conséquences
au plan local. Sous couvert d'assistance militaire, on fit la chasse
aux opposants des dictateurs « amis », sous couvert de coopération
technique, on rationalisa l'exploitation des marchés exclusifs du « pré
carré ». Quant à l'aide financière, elle aboutit à un endettement dont
les pays nouvellement indépendants ne purent jamais sortir : en tentant
tout d'abord de rembourser en nature, avec des matières premières, les
anciennes colonies se sont appauvries, ont désorganisé leur production
locale. Le marasme général a ensuite jeté des millions de travailleurs
sans emploi sur le cruel chemin de l'émigration vers l'ancienne
métropole. La France, L’Angleterre, le Portugal et les Pays-Bas ont
tous connu ce phénomène.
Car les politiques agressives imposées par
le FMI et la banque mondiale ont pris le relais de l'exploitation
ancienne. Dans le courant des années 80 et 90, les programmes «
d'ajustement structurel » ont contraint la plupart des pays
décolonisés à privatiser les services publics, à vendre à l'encan
d'immenses zones fertiles, à livrer clés en main à la finance
internationale usines et exploitations minières ou forestières.
Malgré les bouleversements douloureux que cette réorientation
économique a imposé aux peuples des anciennes colonies, il n'a pas été
possible de rembourser les dettes accumulées au cours des trente
premières années de la décolonisation, du fait du rééchelonnement
permanent des paiements.
La réalité est donc
terriblement sombre et absolument négative en deux sens : au plan
économique, les flux de matières premières exportées (monoculture de
cacao, d'arachide, minerais, pétrole et gaz) ajoutés aux flux
financiers du remboursement de la dette, correspondent à un pillage
encore plus important que celui qui avait lieu dans le cadre de
l'ancien système colonial. Au plan politique, le bilan est pire encore
: l'indépendance n'existe bien souvent que sur le papier. Derrière les
discours et les déclarations, il n'y a que des dictateurs et des
politiciens corrompus ou timorés qui se contentent de mener dans leur
pays une politique élaborée à Paris, à Londres, à Washington ou
dans d’autres anciennes capitales coloniales.
Ni les
Algériens, Malgaches, Ivoiriens, Sénégalais, Tchadiens, ni la plupart
des autres peuples qui sont parvenus à se débarrasser de l'ancien
pouvoir colonial ne se sentent encore réellement indépendants. D'une
certaine manière, la décolonisation a sauvé les empires. Car
l'impérialisme français est toujours présent sur les anciennes terres
colonisées dont il a tout fait pour réduire au maximum les
indépendances. L’Angleterre continue de dominer le Commonwealth, tout
comme les Etats-Unis contrôlent encore plus de la moitié du monde.
2. Quarante-cinq ans d’ingérence militaire française en Afrique
La
France est intervenue militairement vingt-sept fois en quarante-cinq
ans sur les territoires de pays d’Afrique officiellement indépendants.
Cela revient à une opération militaire tout les vingt mois environ,
sans compter le fait que la présence de l’armée française est par
endroit prolongée ou permanente. L’essentiel de l’ingérence en Afrique
depuis 1962 se résume à trois types d’interventions armées : des
opérations de répression et de maintien de l’ordre destinées à rétablir
ou à renforcer les régimes qui collaborent avec l’ancien colonisateur ;
des opérations de sauvetage et d’évacuation de personnels militaires ou
de civils menacés par des troubles sur place ; enfin, l’interposition
entre des pays en guerre ou des forces engagées dans des conflits
internes à ces pays.
Aucune de ces opérations ne se fait
pacifiquement ; un grand nombre d’Africains ont été tués au cours de
ces combats, des dizaines de milliers sans doute sans qu’il soit
possible d’avancer des chiffres précis. A cela il faut ajouter le
travail des services secrets français, et de l’espionnage militaire qui
ont renseigné les dictateurs « amis » sur l’activité de leurs opposants.
Il y a dans le vocabulaire qu'utilisent les militaires français pour
donner un nom de code à leurs opérations une recherche de termes «
poétiques » destinés à camoufler la réalité des actions meurtrières
menées contre les populations africaines. Parfois ils font appel à leur
connaissance en zoologie : « Lamentin » (Mauritanie, 1977), « Barracuda
» (Centre Afrique, 1979), « Tacaud », « Manta », « Epervier » (Tchad,
1978, 1983 et 1986) ; « Pélican », « Antilope » (Congo-Brazzaville,
1997), « Licorne » (Côte d’Ivoire, 2002). Parfois encore c’est à la
botanique qu’ils empruntent leurs dénominations : « Azalée » (Comores,
1995), « Amaryllis » (Rwanda, 1994). Ils peuvent encore choisir des
pierres précieuses : « Turquoise » (Rwanda, 1994), « Malachite »
(Congo, 1998) ; parfois c’est un vent : « Noroît » (Rwanda, 1990 à
1993) ou une déesse grecque : « Artémis » (République Démocratique du
Congo, 2003).
Mais un certain nombre d’actions armées d’envergure
n’ont pas reçu de nom de code : ainsi les opérations au Sénégal en
1962, au Gabon en 1964 et 1990, au Tchad entre 1968 et 1972
qui prirent pourtant le caractère d'une véritable guerre), au
Zaïre en 1978 et 1991, au Togo en 1986, en Centre Afrique en 1997.
La
période néocoloniale postérieure aux indépendances politiques a donc
été marquée par la mise en place de pouvoirs corrompus et dictatoriaux
favorables à l’ancienne métropole. En contrepartie de cet appui
militaire, les pouvoirs locaux ont accepté la vassalité politique (à
l’ONU, par exemple, en appuyant systématiquement les positions
françaises) mais aussi la dépendance économique à l’égard des menées
des grandes entreprises de l’ancien colonisateur : ELF, TOTAL, RENAULT,
et bien d’autres. Cette assistance militaire a été violente et répétée
depuis 1960. A l’heure actuelle, encore vingt-trois pays d’Afrique sont
liés à la France par des accords de coopération militaire. Huit
d’entre eux ont même signé des accords de défense.
L’histoire de ces
quarante-cinq ans d’ingérence criminelle, l’évaluation des dizaines de
milliers de victimes africaines (la France reconnaissant avoir perdu
613 soldats au cours de cette longue période), tout comme celle des
immenses profits accumulés par le capitalisme français et les
dictateurs « amis » restent à faire. Cet aspect des choses ne peut être
sérieusement laissé de côté pour quiconque prétend effectuer un bilan
général de l’action post-coloniale de la France, surtout s’il prétend
en décrire les « aspects positifs » !
Haut de la pageIV – RECOLONISATION MILITAIRE ET REVISIONNISME HISTORIQUE (DEPUIS LES ANNEES 1980)
Depuis
le début des années 1980 une nouvelle étape historique du processus
colonial a commencé. On assiste au retour de l’action militaire
directe, sous l’impulsion de l’impérialisme américain. Ce phénomène a
été rendu possible par l’affaiblissement puis l’effondrement de l’Union
Soviétique et d'autres pays socialistes.
Ainsi l’attaque de Panama,
l’invasion de la Somalie, le bombardement de la Serbie, les opérations
militaires en territoire afghan, puis la conquête par les armes du
territoire irakien et son occupation prolongée montrent que les
agressions militaires se sont multipliées depuis une vingtaine d’années.
Ces
agissements du front mené par les Etats-Unis ne peuvent être
interprétés autrement que pour ce qu’ils sont : des opérations
militaires de reconquête et d’implantation destinées à préserver une
maîtrise totale sur les réserves d’énergie. De ce point de vue, le seul
pays encore hors de contrôle étant l’Iran, on peut observer que dix
bases militaires stratégiques l’encerclent désormais presque totalement
: aucune ville importante iranienne n’est située à plus de quatre cents
kilomètres d’une base de missiles hostile. Il ne manque plus que se
construise la base française d’Abu Dhabi, prévue en 2011, pour que le
verrouillage total soit opéré, ouvrant la possibilité d’une nouvelle
aventure militaire à l’issue de laquelle les puissances alliées
pourraient faire main basse sur les immenses réserves des champs
pétrolifères iraniens ainsi que les installations de raffinage des
ports du Golfe persique.
1. Le credo pro-colonial du révisionnisme historique
Ce
processus de recolonisation militaire a besoin d’une idéologie pour se
légitimer, en construisant une manipulation de l’histoire de la
colonisation passée, dans le but de justifier par avance la
recolonisation actuelle et à venir.
Cette idéologie, qui a pris
concrètement en France la forme de la loi du 23 février 2005, on peut
l’appeler « révisionnisme historique ».
Justifier les entreprises
des anciens colonialismes pour faire la promotion de la recolonisation
par les armes ne peut se faire qu’au prix de l’énonciation de
grossières contrevérités et de clichés usés. L’ensemble de cette piètre
construction théorique élaborée par des historiens et des économistes
acquis, même s’ils s’en défendent, à l’idéologie coloniale, tient sur
trois notions : libération, modernisation, intégration.
a)
Selon ces thèses, on aurait donc colonisé dans le passé (et dans
l’avenir, on recolonisera) pour le bien des populations envahies :
c’est pour les libérer que l’on administre le pays à leur place !
Ainsi, par exemple, les Européens ont envahi au XIXe siècle la totalité
du continent africain sous le prétexte officiel d’y abolir l’esclavage
et d'y faire régner la liberté! C’est donc pour mettre fin à la traite
interne, à la barbarie des potentats locaux, que le continent entier a
été officiellement asservi. Voilà qui est plutôt cocasse surtout si
l’on considère qu’au cours des deux siècles précédents la traite
négrière avait précisément été suscitée puis organisée au seul bénéfice
de ces mêmes puissances européennes qui ont prétendu ensuite y mettre
un terme par les armes.
On remarquera au passage que c’est tout
aussi officiellement pour libérer les Irakiens de la dictature de
Saddam Hussein et les femmes afghanes de l’oppression talibane que ces
deux pays ont été reconquis militairement…
b) Deuxième justification
du fait colonial : la modernisation, prétendument synonyme de progrès
et de civilisation. Ce serait pour aider les peuples conquis ou
reconquis à mettre en valeur leur pays qu’on les a colonisés dans le
passé ou qu’on les recolonisera dans l’avenir. Ainsi ils pourront
extraire les richesses de leur sol, apprendre à produire plus
rationnellement, profiter du progrès technique apporté par les
envahisseurs, ainsi que des connaissances que ceux-ci prétendent leur
apporter. Cette fable ancienne de l’impact positif de la colonisation a
été au cœur du credo du colonialisme au XIXe siècle dans le monde
entier. On en connaît les suites au XXe : pillage systématique des
richesses du pays, exploitation forcenée de ses populations,
sous-développement, endettement, exportation de ses forces vives sous
forme de main-d’œuvre émigrée.
La chanson est la même aujourd’hui en
Irak, en Afghanistan : les discours des conquérants de 1880 sont
interchangeables avec ceux des années 2000.
c) Enfin, le bouquet
final : la promesse d’intégration. Une fois acquis le bénéfice
politique de la « libération », ainsi que celui de la «
modernisation », l’occupant promet l’accession à une égalité totale par
« l’intégration dans le marché libre ». Par exemple, la puissance
britannique promettait cette égalité dans le cadre du Commonwealth, la
France dans celle du « pré carré » africain. Il est significatif de
voir que là encore, c’est en travestissant la réalité historique des
formes antérieures de la colonisation que l’on cherche à en légitimer
les manifestations actuelles.
Un jour peut-être, donc, suprême
récompense, la Serbie, l’Irak, l’Afghanistan intégreront le « marché
libre » dominé par les Etats-Unis…
Toutes les idéologies
colonialistes anciennes ont théorisé à leur manière le modèle «
libération, modernisation, intégration ». L’objectif idéologique du
révisionnisme historique est aujourd’hui d’accompagner avec les mêmes
principes le processus de recolonisation qui est en cours et que l'on
appelle plus couramment « intégration dans le marché libre » ou «
mondialisation ».
Il incombe à l’ACCA, association
anti-colonialiste, de contester la validité historique de ce
révisionnisme en le combattant et en le démasquant partout où il se
manifeste. Car à aucun moment, ni dans son projet, ni dans sa
réalisation, aucune colonisation n’a présenté d’ « aspect positif »,
sauf bien entendu pour les auteurs des rapines et des crimes coloniaux,
en tous points et en tous lieux condamnables.
2. La réintégration de la puissance militaire française dans le dispositif impérialiste
Cette
offensive pro-coloniale de l’extrême droite française, nostalgique et
revancharde, coïncide avec le retour au premier plan du candidat puis
du président Nicolas Sarkozy. Son élection marque une étape nouvelle,
celle de l’alignement complet de la politique extérieure de la France
sur celle des Etats-Unis : une véritable instrumentalisation de la
capacité d’intervention militaire française est en train de s’établir.
L’ancienne et relative autonomie d’action dont faisaient preuve les
gouvernements français depuis 1960 (date à laquelle le général De
Gaulle fit sortir la France du commandement intégré de l’OTAN) laisse
place à une franche et officielle réintégration dans l’appareil
militaire d’agression dirigé par les Etats-Unis d’Amérique.
Amorcée
avec la participation française à l’attaque contre la Serbie, après
celle de la première guerre du Golfe en 1991, renforcée sous Chirac
avec l’intégration des forces françaises dans la réplique militaire de
2001 contre l’Afghanistan, cette collaboration semblait avoir reçu un
coup d’arrêt au moment du veto français contre la seconde invasion de
l’Irak en 2003. Mais le « virage Sarkozy », amorcé dès 2007,
officialise la vassalisation de l’armée coloniale française. Désormais,
elle ira là où les Etats-Unis lui demandent d’aller, précisément
dans les zones où l’armée américaine redoute désormais de se rendre :
au Liban face au Hezbollah et à la Syrie, au Tchad face au Soudan.
Enfin, dernier signe de la participation française à des menées
coloniales de reconquête, une très grande base militaire doit être
construite face à l’Iran, assurant dès 2011 l’encerclement stratégique
de ce pays. De la Turquie au nord, puis à l’Irak à l’ouest, en Arabie
Saoudite au sud-ouest puis au Pakistan, à l’Afghanistan et au
Turkménistan à l’est et au nord-est, la tenaille impérialiste ne
demande qu’à se refermer grâce à cette base française d’Abu Dhabi
prévue pour accueillir de 10 000 à 15 000 hommes. A elle seule,
elle représente une force militaire projetée égale à l’ensemble du
corps expéditionnaire actuellement présent en Afrique. Financièrement
elle constituera un effort colossal et un poids insupportable pour
l’équilibre budgétaire de notre pays, avec des dépenses prévues jusqu’à
la hauteur de 15 milliards d’euros.
Avec un budget militaire de 37
milliards d’euros en 2008, la France est le cinquième pays du monde
après le groupe USA, Chine, Russie, Angleterre, pour ce qui est des
dépenses militaires. On ignore le coût réel des vingt mille soldats
français actuellement placés en alternance sur les théâtres
d’opérations extérieures, pour un corps expéditionnaire permanent de 12
000 à 15 000 hommes. La base d’Abu Dhabi à elle seule aurait un coût de
construction de 10 milliards d’euros auxquels il faudrait ajouter une
autre dizaine de milliards pour entretenir sur place plus de 10 000
soldats. Ceci dans un moment ou la droite au pouvoir impose des
sacrifices et des efforts considérables au pays en organisant le recul
des services publics et de l’investissement public en général.
3. La riposte nécessaire des anticolonialistes : dissolution de l’armée coloniale
Avec
la réintégration des forces militaires françaises dans le dispositif
américain de reconquête, les missions de l’armée française se sont
profondément modifiées depuis 2007 : on est passé du simple maintien de
l’ordre dans la zone d’influence exclusive de la France en Afrique (le
fameux « pré carré ») à l’action militaire comme force supplétive à
l’intérieur d’un front impérialiste global.
La riposte s’impose :
aucune guerre coloniale ne peut se mener sans troupes coloniales. Nous
demandons donc la dissolution de cette armée. Toutes les bases
militaires françaises installées à l’étranger doivent être évacuées et
démantelées. Le matériel doit être démonté et rapatrié, les
installations doivent être rendues inoffensives, les personnels doivent
tous rentrer en France. Aucun pouvoir politique local ne doit hériter
de ces bases. Quant à celle d’Abu Dhabi dont la construction peut
provoquer une guerre en refermant le dispositif hostile encerclant
l’Iran, elle ne doit pas être mise en chantier.
Afin de priver les
forces qui y ont intérêt de la capacité de mener ces guerres de
reconquête, il faut leur retirer la possibilité d’utiliser l’armée
française, dont la mission doit être strictement limitée à la défense
du territoire national sur le territoire national, et non à aller mener
des opérations aventuristes qui iront à l’échec du fait de la
résistance acharnée des peuples des pays envahis.
Haut de la pageV - LES DIFFICULTES DE L’IMPERIALISME
La
récente crise bancaire qui frappe le capitalisme financier et
industriel montre sans doute la fragilité du système, et ses limites
apparaissent clairement : fondé sur des relations de domination, il a
aussi besoin de confiance en lui-même. L’échec de la guerre d’Irak et
d’Afghanistan, la montée en puissance d’une vague progressiste en
Amérique Latine, la persistance de l’héroïque résistance
palestinienne à l’occupation, comme l’ont encore illustré avec
force la lutte menée contre l’agression israëlienne dans le zone
de Gaza, l’émergence de la Chine et le retour en force sur la
scène politique internationale de la Russie, autant de signes qui
laissent prévoir un fléchissement du dispositif impérialiste, qui
chancelle aussi bien au plan militaire qu’au cœur même de Wall Street
et des autres places financières internationales.
1. L’échec militaire en Irak et en Afghanistan
Trois
mille soldats américains tués en cinq ans, une dizaine de milliers de
blessés et de mutilés, c’est beaucoup plus que prévu pour un résultat
médiocre. La société irakienne rejette quasi unanimement la présence
militaire des Alliés. On est très loin de la liesse populaire que les
envahisseurs pensaient rencontrer en 2003. Chômage, corruption,
enlèvements, attentats interconfessionnels, répliques aveugles de
l’armée d’occupation constituent le visage sanglant d’une opération qui
échoue sur l’essentiel de sa mission officielle : l’éveil démocratique
et le redémarrage économique. Même les puits de pétrole et les
raffineries ne peuvent être exploités convenablement et tournent au
ralenti. En Irak, l’impérialisme est défait par une résistance
populaire massive et organisée.
En Afghanistan, la situation est
comparable : le même bourbier engloutit aujourd'hui l’énergie de
l’Alliance et de l’OTAN. La fatigue du corps expéditionnaire est telle
que la France a été rappelée en renfort, montrant une inexpérience et
une méconnaissance meurtrière, le même mépris colonialiste pour les
aspirations du peuple afghan. En privé et même parfois en public, les
généraux de l’OTAN affirment que la guerre contre la résistance afghane
ne peut être gagnée.
Le danger est peut-être ailleurs : le président
Obama n’a pas caché son intention de redéployer vers l’Afghanistan une
grande partie des troupes qu’il dit vouloir retirer d’Irak. Rien de bon
pour la paix du monde.
2. L’Amérique Latine vire à gauche
Depuis
quelques années la plupart des peuples d’Amérique Latine ont mis au
pouvoir des gouvernements qui appliquent une politique d’émancipation à
l’égard de la tutelle des Etats-Unis. Une certaine forme de
coordination se fait jour, dans un esprit de solidarité
internationaliste, pour tenter d’appliquer des projets de développement
autonome. La lutte anticoloniale se traduit par la récupération des
sources d’énergie et de matières premières, malgré les efforts
concertés des multinationales qui cherchent avec l’appui des Etats-Unis
à susciter des troubles armés. Mais ni le Brésil ni le Venezuela ni la
Bolivie, pas plus que Cuba, ne sont décidés à reculer. La fondation de
l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) montre que le
modèle colonial et néocolonial a du plomb dans l’aile en Amérique
Latine. D'autres pays semblent tentés par l’expérience. Mais, ici
aussi, l'empire contre-attaque : il réactive la Ivème flotte, soutient
le coup d'état au Honduras, s'offre sept nouvelles bases militaires en
Colombie, s'implique à fond dans la déstabilisation de la région tout
en présentant un visage plus avenant.
3. La détermination sans faille des palestiniens à construire un Etat indépendant
2008
est l’année qui voit les palestiniens commémorer le soixantième
anniversaire de la « Nakba » (la « catastrophe »). En 1948, en effet,
800 000 habitants arabes de la Palestine ont étés chassés par la
politique d’épuration ethnique appliquée par les sionistes conquérants
: villages rasés ou affublés d’un nom hébreu, populations déplacées qui
ont fui dans les états arabes voisins. Après la conquête de territoires
supplémentaires en 1967 autour de Jérusalem, en Cisjordanie, dans le
Golan et à Gaza, des colons israéliens se sont installés durablement
dans de petits îlots de prospérité arrachés à la terre palestinienne.
La
situation actuelle, malgré le retrait d’Israël de quelques grandes
villes, demeure inchangée quant au fond. L’injustice coloniale
persiste, l’occupation l’amplifie par endroits car de conférence en
plan de paix, le territoire accordé à l’Autorité palestinienne a été
lentement grignoté par des enclaves appelées « colonies », reliées
entre elles par des routes dites « stratégiques » infranchissables aux
Palestiniens.
La construction du mur « antiterroriste » sépare la
Palestine dépendant d’Israël de la Palestine arabe au mépris du
droit, des traités et de la géographie elle-même, tandis que par
ailleurs persistent les « check points », et que se multiplient les
implantations sauvages de colons israéliens extrémistes... Gaza
quant à elle, étouffe, encerclée, comme une gigantesque prison à ciel
ouvert.
Et pourtant le peuple palestinien survit en dépit des
bombardements, des destructions, des deuils, et la résistance
armée demeure active. La population, malgré les dangers auxquels
elle est quotidiennement exposée et toutes les
difficultés liées à une occupation prolongée, continue de croire
en l’avenir.
Cet entêtement est le gage d’une réussite future
et certainement un échec cuisant pour l’impérialisme des Etats-Unis et
le colonialisme israélien. Ni vaincus ni convaincus, les Palestiniens
continuent de camper sur leur imprescriptible volonté d’indépendance
nationale. Quant au véritable intérêt du peuple israélien, il n’est pas
dans la poursuite d’une politique de terreur et de spoliation à
l’égard des Palestiniens mais dans l'instauration d'une
paix véritable , seule condition de possibilité à la fois de
l'existence d'Israël et du développement d'une Palestine indépendante.
4. L’émergence de puissances nouvelles
Le
krach de 2008 marquant la fin de la suprématie financière absolue des
Etats-Unis, un certain nombre de puissances émergentes, riches en
devises du fait de leur commerce extérieur fortement excédentaire,
semblent se placer en successeurs désignés de l’ancienne
superpuissance. Il ne fait aucun doute que la Chine, l’Inde, les pays
du Golfe, le Brésil et la Russie cherchent à tirer profit de
l’affaiblissement actuel de l’influence des Etats-Unis d’Amérique.
Par
principe les anticolonialistes ne peuvent que se féliciter de ce coup
d’arrêt décisif, conséquence de plusieurs décennies d’économie
ultralibérale prédatrice, dominée par la spéculation et la politique du
plus fort. Mais, par principe également, les anticolonialistes doivent
demeurer vigilants à l’égard de ces puissances émergentes qui
pourraient se laisser tenter par l’idée de profiter à leur tour de la
faiblesse des pays moins avancés pour les coloniser à leur manière.
L’attitude du Maroc à l’égard du Sahara occidental en montre un
exemple. L’occupation militaire marocaine,depuis 1975, de ce territoire
évacué par les Espagnols a un caractère nettement colonialiste. Elle
doit prendre fin et laisser la place à une solution par la voie d’un
référendum d’autodétermination. Car le Maroc intensifie sa politique de
répression : emprisonnements, disparations, torture, sont le lot
quotidien d'une population qui résiste et continue d'exiger
l'application stricte des accords internationaux concernant cette zone.
5. Plus que jamais, rester vigilants face au mortel danger nucléaire !
Sur
ce monde inquiétant, déjà ravagé, dans la première moitié du 20ème
siècle par deux épouvantables guerres mondiales, causant la mort de
dizaines de millions de victimes, pèse un nouveau et encore plus
effrayant danger : celui d'une extermination atomique massive. Un péril
si monstrueux pour toute l'humanité que l'esprit refuse de l'imaginer
et qui est pourtant bien réel. Pas un instant, il ne faut l'oublier.
Pas un instant il ne faut abandonner ce combat vital pour
l'interdiction de toutes les armes nucléaires !
Haut de la pageCONCLUSIONETABLIR DE NOUVEAUX RAPPORTS INTERNATIONAUX :
UNE TACHE PRIORITAIRE
Les
capacités d’adaptation du colonialisme sont très grandes.
Historiquement, à chaque fois que les colonisateurs ont observé un
essoufflement dans la progression de leurs profits, ils ont trouvé une
solution de rechange. Lorsque l’exploitation coloniale des débuts a
atteint ses limites, le libéralisme s’est imposé à toute la
planète. Ensuite, lorsque le fait d’accorder l’indépendance parut
une solution moins coûteuse à cause de la résistance des peuples, le
néocolonialisme s’installa. Enfin quand celui-ci arriva en bout de
course, les dettes du monde pauvre ne pouvant plus être remboursées, on
en revint à la reconquête militaire des pays les plus récalcitrants par
des actions armées de grande envergure.
L’ACCA a pour objectif la
fin du processus colonial. Et c’est pourquoi elle combat pour la
dissolution des armées coloniales qui constituerait un immense
pas en avant.
Quel que soit son masque du moment, la
colonisation a toujours le même visage : occupation militaire,
exploitation des ressources locales, administration dans le sens de la
dépendance économique, politique et culturelle, usage cynique des
populations pauvres par l’organisation de l’émigration au seul profit
des pays riches, « sommets » à répétition (G7, G8…).
L’ACCA,
organisation hostile à tous les aspects de la colonisation, quel que
soit le nom qu'elle prenne et les nouveaux noms dont elle s'affuble,
lui dénie tout caractère positif. Elle poursuivra sa lutte pour que
s’établissent entre les peuples de nouveaux rapports, des relations
fondées sur le principe de l’égalité entre Etats.
Le droit à
réparation des injustices commises, l’annulation de la dette,
l’évacuation immédiate de toutes les armées étrangères sont des
préalables à une vraie coopération future, à des échanges mutuels
authentiques, seuls gages de paix et de progrès pour les peuples du
monde.
Décembre 2009.