Nous vous laissons lire ci-après le dernier article qu'il a signé en mars 2012 pour le bulletin AGIR n°54 de l'Association des Combattants de la Cause Anticoloniale (devenue désormais Agir contre le colonialisme aujourd'hui) association qu'il avait fondée avec quelques camarades en 1986 pour dénoncer, rétablir la vérité et lutter contre le colonialisme.
Déjà, dans le premier bulletin de l'ACCA, en 1988, Henri écrivait :
"tandis que nous volions vers Paris, de retour du Vietnam, je songeais à ce que nous avait dit Pham Van Dong, " Nous n'avons jamais confondu les colonialistes français et le peuple de France et nous gardons à l'esprit tout ce que nos amis -et parmi eux les Henri Martin, Raymonde Dien, Madeleine Riffaud- ont fait pour nous aider et faire vivre l'amitié entre nos pays. On doit préserver cette histoire." Les mots du combattant prestigieux sont ceux-là même qui inspirent notre association.../... et je pensais qu'il était bon de savoir qu'à Hanoï, Paris et mille autre lieux, les compagnons des années terribles restaient unis par la même conviction et la même espérance."
Henri signait aussi l'édito du numéro de juin 90 où l'on pouvait lire :
<<dans ces assises où se retrouvaient beaucoup d'hommes et de femmes qui, en France,en Algérie, en Tunisie, au Maroc, au Vietnam et ailleurs n'ont pas hésité à s'engager de toutes leurs forces dans le combat anticolonial et qui, ont souvent lourdement payé leurs courageuses prises de position On parla moins du passé -dont nous voulons précieusement conserver la mémoire- que du présent et de l'avenir. De ce présent qui voit resurgir, même lorsqu'elles empruntent des formulations nouvelles, les idées maudites que la "pratique coloniale" avait légitimées : le mépris et l'exclusion de l'autre, le racisme poussé jusqu'au crime, la justification de toutes les injustices et de toutes les exploitations .../... car c'est non seulement poru regrouper ceux qui ont combattu hier le colonialisme que s'est créée l'ACCA, mais aussi, pour apporter une contribution aux luttes menées aujourd'hui encore pour la liberté des hommes et de peuples.>>
En mars 2012, nous publiions son dernier édito :
"Cinquante ans après, la guerre d'Algérie est-elle terminée ?
Cinquante ans ont passé depuis la fin de la guerre d'Algérie, Radios, télés, journaux, magazines en ont fait très largement écho mais on attend toujours et sans doute faudra-t-il attendre longtemps encore une publication officielle signée par les dirigeants de notre pays qui tire les conclusions de ce qu'a été une guerre si longue, si couteuse et si cruelle à la fois pour l'Algérie et la France. En ce qui les concerne, un demi-siècle après la signature des Accords d'Evian, le silence reste la règle. Et pourtant, il y a tant de questions qui attendent des réponses !
Cinq à six cent mille algériens, parmi lesquels un nombre considérable de femmes et d'enfants sont morts, pas seulement au combat mais massacrés de sang-froid dans leurs villages, assassinés par des légionnaires, parachutistes et autres forces « spécialisées » dans la répression mais aussi par de simples soldats du contingent, souvent mobilisés contre leur gré. Du côté français, près de 30 000 hommes sont tombés. A ces chiffres terribles, il faudrait ajouter le nombre impressionnant de blessés, souvent handicapés pour la vie et celui, incalculable, des victimes marquées psychologiquement et pour toujours par ce qu'ils ont vécu et ne peuvent oublier.
Et pourtant, il n'est que d'interroger nos compatriotes,femmes et hommes, jeunes et plus vieux, qu'ils aient vécu à l'époque de la guerre ou qu'ils aient été trop jeunes encore pour y avoir participé d'une façon ou d'une autre, pour se rendre compte de leur immense soif de connaître la vérité sur la guerre, sur les raisons de son déclenchement, de sa durée, de sa cruauté, entrainant malversations de toutes sortes, utilisation habituelle de la torture lors des interrogatoires, exécutions sommaires, viols et d'une façon générale, dans tous les cas, crimes toujours conclus juridiquement par des « ordonnances de non-lieu » et, pire encore, par l'attribution de décorations et de promotions aux assassins.
Cette soif de savoir la vérité touche en particulier les plus jeunes, ceux des écoles, des lycées, des universités qui ont, avec raison, le sentiment que tant qu'elle continuera à être cachée, France et Algérie ne pourront pas réellement « tourner la page de la guerre », assurer la paix et la fraternité entre leurs peuples alors que leurs relations économiques, culturelles, politiques et humaines exigent, chaque jour davantage, un tel rapprochement.
C'est là évidemment en engagement qui restera au cœur de l'action de notre A.C.C.A.
Henri ALLEG"
Et puis voila, Henri a participé aux quelques réunions du bureau de l’ACCA jusqu’à juin 2012, quelques conférences de plus aux quatre coins de la France et même souvent au bout du monde, des dédicaces de ses livres, des projections de films...
Henri
était avec ses camarades, ses amis, ses frères du PADS, le 5 juillet 2012 pour
fêter les 50 ans de l’Algérie indépendante.
Pour beaucoup d'entre nous, c'était notre dernière rencontre. Il
est parti pour des vacances bien méritées après ces mois d'intenses
activité, Henri ne savait pas dire non malgré les difficultés,
les distances, les fatigues, la santé quand il s'agissait d'aller
témoigner, apporter sa contribution à une lutte, un combat de plus, un
débat après une projection de film, une dédicace...
L’ACCA
pour les nombreux jeunes qui ne l’ont pas connu et pour tous, vous propose quelques
articles pour Henri dans le journal qu’il dirigea jusqu’à son
arrestation
Alger
Républicain
et dans le quotidien où il travailla durant des
années et qui resta jusqu’au bout son journal :
l’humanité.
http://www.humanite.fr/fil-rouge/deces-de-henri-alleg-communique-de-la-famille
http://www.humanite.fr/monde/henri-alleg-%C2%ABl%E2%80%99idee-internat...
http://www.humanite.fr/medias/henri-alleg-le-reve-algerien-cheville-au...
Les messages, communiqués, articles et hommages
sont innombrables, nous remercions tous les amis de l'ACCA qui nous ont
transmis les liens, que nous reproduisons ici, en vrac.
Henri Alleg, journaliste, écrivain, nous a quittés.
Henri Alleg, un homme libre. Patrick Apel-Muller dans l'humanité
La réaction de Roland Leroy L'hommage des Amis de l'Humanité
La parole à Henri dans l'Humanité d10 mars 2012, des mots déterminants ; "L'idée internationaliste était primordiale dans notre engagement" ou du 12 janvier 2012 : "Combattre le déni du passé colonial" et encore "trois réponses à Francis Pornon"
Henri Alleg dénonçait sans faille les guerres impérialistes, la torture, les logiques d’apartheid.
Comment mettre des mots sur la tristesse qui nous étreint ?
Henri Alleg s’en est allé comme il a vécu, dans la discrétion. Jamais il
ne s’était remis du décès de sa chère Gilberte, son épouse, sa compagne
de lutte, survenu en avril 2011.
Pourtant, malgré le chagrin, il avait continué à témoigner, à
militer. Inlassablement. À l’occasion du cinquantenaire de
l’indépendance algérienne, Henri Alleg avait tenu à répondre à toutes
les sollicitations. Mais lors de ses interventions publiques, il parlait
rarement du passé. En journaliste engagé, attentif aux mouvements du
monde, il parlait du présent.
Il dénonçait sans relâche les guerres impérialistes, les zones de
non-droit comme Guantanamo ou les prisons secrètes de la CIA, aménagées
par l’administration américaine pour pratiquer la torture en toute
impunité. Il parlait de la domination coloniale exercée par l’État
d’Israël sur le peuple palestinien. Il parlait de l’Irak, de
l’Afghanistan. Il parlait de ce néocolonialisme qui asphyxie l’Afrique.
Militant communiste, internationaliste, il avait pour horizon la paix,
le socialisme, la fraternité entre les hommes et les peuples.
Lorsqu’il évoquait la guerre d’Algérie, ce n’était jamais pour parler de sa propre expérience de la torture – de cela, il avait déjà tout dit dans la Question. Henri Alleg est passé entre les mains des tortionnaires de l’armée française comme des milliers de patriotes algériens. C’est pour eux, pour ces ombres réduites au silence, qu’il a toute sa vie poursuivi le combat pour la vérité. Il comprenait mieux que quiconque les plaies à vif dont nous avons hérité, nous, enfants et petits-enfants d’Algériens passés par la « gégène ». Jusqu’au bout, il a combattu sans relâche le révisionnisme de cette droite française toujours prête à exalter les « aspects positifs » de la colonisation. Pour lui, le colonialisme n’était synonyme que d’apartheid, d’exploitation, de spoliation. À ses yeux, le racisme sévissant en France était un funeste héritage de la colonisation, il avait une conscience aiguë des fractures que les conflits de mémoires liés à la guerre d’Algérie impriment encore à la société française. Sa vie, ses engagements, au croisement de plusieurs mondes, étaient l’antithèse même du chauvinisme, du colonialisme, des logiques d’exclusion.
Communiste jusqu’au bout, Henri Alleg ne vivait pas dans la nostalgie des expériences socialistes passées, il était simplement resté fidèle à l’idée d’un monde libéré du capitalisme, libéré de ce système qui n’engendre que dévastation. « Moi aussi, j’ai fait le point. Mais je crois que les désillusions ne doivent pas ébranler notre conviction que l’on peut changer le monde, nous confiait-il en 2010. (…) Nous devons tirer notre propre bilan de ces expériences historiques, sans se rallier docilement au discours de ceux qui nous ont toujours combattus. On le voit aujourd’hui : la crise du capitalisme met à mal ceux qui présentent ce système comme indépassable. Il nous faut poursuivre ce combat pour une autre société. Il n’y en a pas d’autre qui vaille. » Ses combats restent. Comme le souvenir de son visage souriant et de son regard espiègle.
Les mots de William Sportisse « Henri Alleg nous lègue son ardeur dans le combat "Quelques mots de Michel Collon suivis de deux vidéos dans investig'action
une vidéo présentée par le journal le monde
dans el watan ..et le militant s'éteintHenri Alleg, un rêve algérien.
Henri Alleg nous a quittés. Pour tous les amis de
la paix, en France, en Algérie, c'est une grande perte. Il milita,
dès son arrivée à Alger en 1939 à l'âge de 18 ans, pour la
dignité, la démocratie, la liberté du peuple algérien. Il s’éleva
contre toute forme d'oppression coloniale, contre cette
sale guerre qui ne disait pas son nom et qu'il dénonça
dans les colonnes du journal « Alger Républicain »
dont il fut le directeur.
Entré dans la clandestinité suite à l'interdiction du journal en 1955, il poursuit ce combat pour la paix et est arrêté en 1957 à Alger au domicile de Maurice Audin qui mourut sous la torture- et dont le corps ne fut jamais retrouvé. Cette torture, il l’a dénoncée dans "La Question" édité clandestinement et dont la lecture fut un grand choc pour la société française sur la réalité du colonialisme et les atrocités commises par l’armée française. Ce livre d’un grand retentissement contribua puissamment à faire basculer l’opinion publique française.
Il s'évada en 1961 de la prison de Rennes et poursuivit son action en rejoignant le Mouvement de la Paix dont il fut pendant de longues années membre du Bureau National jusqu'en 2OO2 et intégra la rédaction du journal l'Humanité en 1972. Il créa l'ACCA - l'Association des Combattants de la Cause Anticoloniale - pour défendre les droits de tous les militants condamnés pour leur engagement anticolonial, au moment où les généraux putschistes étaient réhabilités.
Auteur de nombreux ouvrages, il poursuivit son combat avec l'ACCA – devenue : Agir Contre le Colonialisme Aujourd'hui - pour le droit imprescriptible des peuples à disposer d'eux-mêmes. Il était toujours disponible, infatigable, répondant à toute invitation pour agir pour la paix, la libération humaine, et faire connaitre cette réalité de la colonisation. En 2000, il était retourné, après 45 ans d'absence, en Algérie, sur les lieux où il avait vécu, milité, et où il fut emprisonné. Son retour aux côtés de ses camarades de lutte algériennes et algériens fut immortalisé par le cinéaste Jean Pierre Lliédo, dans un film sublime "Un rêve algérien".
Cet homme d’apparence frêle, dont l’engagement militant n’a jamais connu de faille, qui a témoigné dans son combat d’une volonté inflexible et d’un courage à toute épreuve, n’a jamais perdu l’espoir dans la victoire de la liberté et de la justice. Il était dans la vie quotidienne un homme d’une simplicité et d’une gentillesse extrême, un humaniste soucieux de tous, y compris de ceux qui étaient ses geôliers dans les moments de souffrance les plus extrêmes qu’il décrit dans « La Question ».
Le Mouvement de la Paix adresse à sa famille, ses enfants, ses proches ses sincères condoléances. Nous garderons de lui sa grande gentillesse, sa générosité et le souvenir d’un homme exceptionnel.
Le Mouvement de la Paix
Saint-Ouen, le 19 juillet 2013
"Tu t’es tu sous la torture, tu as parlé
sous la censure.Tu es un grand homme de petite taille, à l’image de ton
livre LA QUESTION.Ton courage, ta simplicité, ta gentillesse et ton
sourire permanent restent en nous. Tout le reste a déjà été dit.
André Bouny, pt Comité International de Soutien aux victimes
vietnamiennes de l’Agent Orange, auteur de Agent Orange, Apocalypse Viêt
Nam"
Chers amis,
À laquelle S'associent Charlye et toute la famille ainsi que Claude Chevallierhttp://www.leseditionsdeminuit.fr/f/index.php?sp=livAut&auteur_id=1470
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