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le bulletin de l'association

N°35
avril 2007

Bulletin de l' Association des Combattants de la Cause Anticoloniale
   

Une progression encourageante de l’ACCA…

L’actualité, multiple et complexe, conduit les anticolonialistes que nous sommes à nous interroger souvent sur le présent et le proche avenir.

Les guerres contre les peuples d’Irak, d’Afghanistan, de Palestine, continuent de faire d’innombrables victimes. Des pays comme l’Iran, la Syrie, Cuba, la Corée du nord, sont menacés du même sort. De nombreux peuples en Afrique, en Asie, en Amérique latine, connaissent des situations dramatiques du fait du pillage et des ingérences des multinationales avides de profits. Ces mêmes multinationales sont à l’origine des régressions sociales et des atteintes aux libertés dont sont victimes les peuples des pays développés.
En France la chasse aux immigrés est devenue un thème privilégié des campagnes électorales des candidats réactionnaires. Les expulsions se multiplient, particulièrement vers l’Afrique. Le racisme gagne du terrain. Le refus de condamner le passé colonial de la France et la réhabilitation scandaleuse des assassins de l’OAS, sont toujours d’actualité en dépit des protestations des démocrates et progressistes.
Parallèlement on assiste à une opposition grandissante des peuples. L’évolution de la situation politique en Amérique latine soulève de grands espoirs. En Irak, en Afghanistan, en Palestine, les agresseurs impérialistes sont de plus en plus en difficultés. Les résistances aux diktats colonialistes en Afrique et en Asie se font plus fortes et plus déterminées. Le mouvement anti-guerre se développe dans le monde, y compris aux Etats Unis où l’Administration Bush est en difficulté.
L’ACCA apporte modestement sa contribution à la lutte mondiale contre le colonialisme et pour la paix. Les « soldats du refus » de la guerre d’Algérie, membres du Bureau national de l’Association, ont adressé une lettre de solidarité et de soutien à Ehren WATADA, lieutenant dans l’armée américaine, menacé de 4 ans d’emprisonnement pour avoir refusé de faire la guerre au peuple irakien. Ils continuent en cela le soutien apporté à leurs camarades israéliens condamnées pour leur opposition à la guerre contre le peuple palestinien.
Notre Bureau national, qui s’est renforcé de l’apport de plusieurs camarades jeunes et actifs, prépare des manifestations communes avec d’autres organisations antiracistes et anticolonialistes comme l’ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants) ou l’AFASPA (Association Française d’Aide et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique) et sa revue « Aujourd’hui l’Afrique » ou encore « les Amis d’Alger Républicain ».
Des décisions ont été prises également pour améliorer la présentation et le contenu de notre bulletin intérieur. Nos adhérents pourront trouver aussi de nombreuses informations sur notre site informatique qui s’enrichit chaque jour.
Enfin, on peut regretter que la campagne électorale qui se termine n’ait pas donné lieu de la part des candidats et des médias à des prises de position sur des problèmes aussi importants que le passé colonial de la France, son activité actuelle en Afrique, et l’avenir des relations avec ses anciennes colonies.
L’ACCA continuera inlassablement son activité militante pour que le combat anticolonialiste, plus indispensable que jamais, reste d’actualité.

J. Molina          

       

            L'imposture du développement

        Quelles alternatives à l'épuisement des ressources ?
Jean Suret-Canale
historien et géographe, africaniste

Une autre cause d'erreur, et qui tient pareillement à l'ignorance, c'est l'abus des mots, et les idées peu nettes qu'on y attache.
(Helvetius, De l'esprit, Discours I, chap. IV.)


Depuis les années soixante, le développement est à l'ordre du jour. Mais il pose problème : un récent recueil de la collection Espaces Marx (1) titre : Le développement en débat, avec les questions : Croissance ? Décroissance ? Durable ? Solidaire ?  Ce n'est pas d'hier que le "développement" fait problème.
Comment ce terme est-il apparu ? Constatons qu'il est absent de l'économie politique libérale classique autant que de l'économie politique marxiste. Il apparaît dans L'Impérialosme, de Lénine, qui relève, comme caractéristique de l'impérialisme, le capitalisme contemporain, "l'inégalité de développement", terme simplement descriptif (2).
L'économie libérale veut ignorer le phénomène colonial et la dépendance, la déformation qu'il impose aux pays dépendants et exploités. Il ne veut voir entre "pays riches" (exploiteurs) et "pays pauvres" (exploités)  qu'une différence quantitative, un décalage historique  :  les "pays pauvres" seraient tout simplement dans la situation où les pays riches se trouvaient  à la fin du Moyen Âge.
Il leur suffirait de suivre la même voie pour rattraper leur retard, parvenir au "décollage" deleur économie et accéder au développement. Problème : si le monde entier accédait au mode de production et de consommation qui est celui de la France  (et je ne parle même pas ici des Etats-Unis), trois planètes n'y suffiraient pas.
En fait, le développement n'est qu'un mythe, miroir aux alouettes offert à l'espérance des peuples exploités et opprimés.
La seule réalité, dans certains pays, est l'accumulation du capital, notamment décrite et analysée par Marx. Celle-ci induit une élévation moyenne des besoins et de leur satisfaction : en cinquante ans, les conditions de vie moyennes ont changé en Europe : généralisation de l'électricité, du gaz, multiplication de l'appareillage électroménager (machine à laver, réfrigérateur, etc.).
Mais cette accumulation a pour conséquences l'accumulation des richesses à un pôle (multiplication des milliardaires) et l'accumulation de la pauvreté à l'autre pôle (une population marginale, exclue des progrès précédemment évoqués : SDF en Europe et au Etats-Unis, progression de la faim et de conditions de vie de plus en plus invivables dans le monde entier).
Le développement du marché, conditionné à l'origine par les besoins humains, est désormais déterminé par la recherche du profit aux fins d'accumulation du capital.
Alors que les progrès des forces productives devraient permettre d'assurer à toute l'humanitéles droits énumérés en 1948 dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, nous voyons à des degrés divers, les formes les plus atroces de la misère  (absence d'accès à l'eau potable, famine) persister et s'aggraver dans le monde. La recherche effrénée du profit induit à l'épuisement des ressources non renouvelables, à la détérioration du climat par l'effet de serre, à la disparition accélérée des espèces végétales et animales, à l'empoisonnement par les denrées alimentaires industrielles (produits chimiques, pesticides).
Dans cette situation, ce ne sont pas des mesures partielles pour préserver l'environnement qui peuvent suffire pour stopper l'autodestruction en cours de l'espèce humaine, c'est un changement radical du mode de production et de modes de consommation qui est nécessaire et urgent.
L'abolition du libéralisme n'est pas seulement une question d'humanité et de justice sociale, c'est à brève échéance, une question de survie de l'espèce humaine.

Une progression encourageante de l'ACCA.
L'actualité, mutiple et complexe

Lettre adressée aux candidats aux élections présidentielle et législative.

La vérité et la justice sont de votre côté.  Henri Alleg à Ehren Watada.

Lucie AUBRAC  L’anticolonialiste

Alain Ruscio, historien membre du CN de l'ACCA

À l’occasion des hommages nombreux qui seront rendus à Lucie Aubrac, les projecteurs seront surtout braqués - et c’est bien naturel - sur son action héroïque durant la Seconde Guerre mondiale. Mais sa vie citoyenne ne s’est pas achevée au moment de la capitulation de la bête immonde du nazisme. Avec son mari Raymond, elle s’est durablement et continûment, c’est moins connu, engagée aux côtés des peuples coloniaux, en particulier du peuple vietnamien. Dès 1946, lors du voyage officiel de Ho Chi Minh en France, elle est sensibilisée à la personnalité et au message de ce petit homme frêle qui, l’un des premiers, a osé signifier au colonialisme français que son règne s’achevait. L’Oncle Ho, peu sensible aux honneurs d’une réception officielle, choisit de venir loger chez les Aubrac. C’est là que, durant toute la conférence de Fontainebleau, Ho Chi Minh recevra, dans le calme (et la discrétion !) ses invités politiques.
La guerre d’Indochine commencée, Lucie Aubrac participe aux luttes du peuple français. On la retrouve, par exemple, dans le combat pour la libération d’Henri Martin, où elle met son prestige dans la balance. Elle est un élément actif des Comités pour la libération du jeune marin emprisonné, elle participe à des meetings. Début 2004 encore, lors d’une journée d’études tenue à l’occasion du cinquantième anniversaire de la libération d’Henri Martin, Raymond Aubrac avait accepté de présider la séance inaugurale et Lucie avait, aux côtés entre autres de Madeleine Riffaud, figuré dans le prestigieux comité de parrainage (1).
Au moment où la nation va lui rendre un si mérité et si évident hommage, il est utile de souligner le lien indissoluble entre combat antifasciste et combat anticolonialiste que toute l’existence de Lucie Aubrac illustra.
Que son mari, Raymond Aubrac, lui aussi ami de toujours du peuple vietnamien, trouve ici l’expression de notre fidèle amitié.

(1)Voir L’Affaire Henri Martin etla lutte contre la guerre d’Indochine, Paris, Éditions le Temps des Cerises, 2004.


Décès de Gaston Donnat,militant anticolonialiste
Alain Ruscio, historien, membre du Comité national de l'ACCA

Gaston Donnat s’est éteint à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Il était de ces militants de l’ombre, d’une discrétion, d’une modestie absolues. Pourtant, au sein du Parti communiste et de la CGT, il a lié son destin à l’un des mouvements majeurs du XXe siècle, l’émancipation des peuples colonisés. L’ouvrage de mémoires qu’il nous a laissé, Afin que nul n’oublie (*) permet aux générations actuelles de ne pas oublier que le racisme, l’exaltation de la colonisation n’étaient pas partagés par tous, même à l’apogée du système.
C’est en décembre 1931 que, jeune instituteur, il débarque pour la première fois « aux colonies », en l’occurrence à Alger. En Algérie et au Cameroun, il exerce, avec l’esprit humaniste qu’on imagine, son métier d’instituteur, tout en participant à toutes les luttes politiques. Un temps, il est d’ailleurs rappelé par son parti en métropole pour assurer un mandat électif (Assemblée de l’Union française) et, surtout, pour animer la « section coloniale ». Une impression prévaut à la lecture de ses mémoires : Gaston Donnat lia en permanence l’affirmation inébranlable du bien-fondé de son choix fondamental et les interrogations sur les aléas de la politique concrète avec ses choix discutables et même ses drames. Les pages qu’il consacre à la guerre d’Algérie sont un modèle d’analyse, d’une scrupuleuse honnêteté.

Son ultime désir aura été de demander à figurer parmi les soutiens à la candidature de Marie-George Buffet. Un dernier hommage lui sera rendu par sa famille, ses proches, ses camarades, le samedi 10 février à 10 h 45, au crématorium de Luynes (Bouches-du-Rhône).

(*) Éditions L’Harmattan, 1986 (préface de Gilles Perrault).

Alain Ruscio, historien
lire la suite dans  l'Humanité du 8 février 2007.

Hommage à Gaston Donnat Samedi 10 février 2007

Monique Châtain au nom de l’ACCA

Au nom de l’Association des Combattants de la Cause Anticoloniale, permettez-moi de dire la profonde émotion qui nous étreints aujourd’hui.Toute la longue vie de Gaston Donnat a été consacrée au combat pour l’idéal qu’il avait choisi de servir dès sa jeunesse, celui d’un monde de justice, de fraternité et de solidarité. Pour lui, ces mots n’étaient pas seulement une affirmation morale et intellectuelle mais l’engagement militant de chaque instant et pour toute l’existence, quelles que puissent en être les conséquences. Et c’est pourquoi, jeune instituteur, nommé en Algérie, membre de la CGT puis du Parti communiste, il s’est trouvé d’emblée et pour toujours aux côtés des victimes de l’oppression coloniale et de ceux qu’elle indignait et révoltait.

C’est en Algérie aussi qu’il rencontrera et épousera Liberté, fille de parents espagnols immigrés en Algérie, une famille marquée elle aussi par la soif de justice et de fraternité. Durant toutes ses années algériennes, Gaston Donnat se battra pour dénoncer le racisme, la misère, l’ignorance, la misère, les inégalités, l’exploitation dont étaient victimes la majorité d’un peuple dont les autorités, régnant depuis Paris, refusaient de reconnaître le droit à une vie libre et indépendante. Gaston Donnat exercera ensuite son métier d’instituteur au Cameroun où son refus de s’incliner devant les règles honteuses qu’imposait un système encore plus rétrograde et plus cruel que celui qu’il avait connu en Algérie, lui vaudra la haine et les persécutions de l’administration coloniale mais, en même temps, l’immense estime et la chaleureuse confiance des Africains. Il se retrouvera ensuite en A1gérie dans un pays qui se soulevait pour briser ses chaînes. Il est aussitôt aux côtés de ceux qui luttent pour l’indépendance, pour la paix et la compréhension entre tous les enfants du pays, entre les peuples français et algérien. Cela le conduira à être arrêté et interné au camp de Lodi. Plus tard, après avoir été, durant plusieurs années, membre de l’Assemblée de l’Union Française et être revenu dans l’Algérie indépendante, il se retrouvera en France où il poursuivra la lutte anticolonialiste.. Tout naturellement, il sera un des premiers à rejoindre notre association, l’ACCA, aux cotés d’Henri Alleg, un de ses très vieux amis dans le combat pour la l’indépendance et d’Alban Liechti, premier « soldat du refus », durant la Guerre d’Algérie, l’un et l’autre aujourd’hui à la tête de l’ACCA.

Permettez-moi de rappeler en relatant une simple anecdote, l’extraordinaire et toujours vivant souvenir que Gaston a laissé parmi les peuples aux côtés desquels il a combattu pour leur dignité et leur liberté. Il y a deux mois environ, nous recevions une lettre de lui, écrite avec difficulté mais nous ne nous doutions pas que c’était la dernière qu’il nous écrirait. Avec beaucoup d’émotion, il racontait qu’il avait tout récemment reçu la visite d’un Africain, d’un Camerounais plus précisément, qui était simplement venu le voir pour et lui dire que personne, dans son pays, n’avait oublié ce qu’il lui avait apporté et enseigné sur tous les plans et combien, il restait et resterait présent dans le cœur de chacun. Et, comme pour lui en apporter la preuve, le même lui révélait qu’à sa naissance, son père avait tenu à lui donner comme nom de baptême, celui de l’homme qu’il aimait et admirait plus que tout autre, celui justement de Gaston-Donnat.

Cette rare et profonde affection est aussi la nôtre et le nom de Gaston restera aussi et pour toujours inscrit dans nos cœurs et nos mémoires. Que Liberté, sa compagne admirable, que ses enfants, petits enfants et arrière-petits enfants, à juste titre si fiers de lui, que tous les siens soient assurés de notre profonde solidarité. Qu’ils n’oublient pas non plus que des millions d’hommes et de femmes poursuivront l’idéal que Gaston aura servi jusqu’à son dernier souffle, laissant à tous l’exemple exaltant de son profond humanisme, de son intrépide et clairvoyant combat au service des justes causes et de son inébranlable foi en l’avenir.

Merci pour tout cela, Gaston, et adieu.



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            février 2007

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