Sous la direction de Sébastien Jahan & Alain Ruscio
Contributions de Sidi Mohammed Barkat, Anissa Bouayed, Michele Brondino, Catherine Coquery-Vidrovitch, Philippe Dumont, Vincent Geisser, Mohammed Harbi, Sébastien Jahan, Gilles Manceron, Gilbert Meynier, Rosa Moussaoui, François Nadiras, Jean-Philippe Ould-Aoudia, Mickaëlla Perina, Delphine Robic-Diaz, Alain Ruscio, Odile Tobner, Trinh Van Thao, Jan Vandersmissen.
La France du début du XXI è siècle a la fièvre… post-coloniale. Aussi étonnant que cela puisse paraître – et que cela paraîtra aux historiens de l’avenir – le débat sur « l’œuvre de la France outre-mer » a été réactivé et a de nouveau enflammé les passions. Une loi de février 2005 – heureusement amputée de son aspect le plus choquant par la suite – a prétendu imposer aux historiens, mais aussi au public, une lecture unilatérale de l’histoire coloniale française.
Epiphénomène ? Non point, affirment les auteurs de ce livre, historiens, philosophes, politologues, journalistes, responsables associatifs… Il y a bel et bien un retour de l’esprit colonial, illustré par mille et un autres petits et grands faits de la vie politique contemporaine, de la réhabilitation de certains tueurs OAS au discours de Dakar (juillet 2007), de l’insulte contre les harkis (« sous-hommes ») à l’exaltation d’une identité nationale que certains rêvent blanche et chrétienne. lire la suite
Alors que le discours sur les bienfaits de la colonisation semble être revenu à la mode, tout ce que la France compte de nostalgiques de l’Algérie française et d’apologistes du colonialisme lève la tête. Divers projets s’inscrivent plus ou moins dans cette perspective, tel le Mémorial national de la France d’outre-mer annoncé à Marseille, le Musée de l’histoire de la France en Algérie à Montpellier, et à Perpignan un Centre de la Présence Française en Algérie.
Le projet le plus avancé, celui de Perpignan, devrait ouvrir ses portes en 2008...Le 22 octobre, je
lirai la lettre de Huynh Khuong An…
Alain Ruscio
Historien,
Président du Centre d’Information et de
Documentation sur le
Vietnam contemporain.
Nota
:
Le Président de la
République,
Nicolas Sarkozy, a demandé aux enseignants
d’Histoire de lire à leurs
élèves,
ce 22 octobre, la dernière lettre de Guy Môquet,
fusillé le 22 octobre 1941.
Les réactions des enseignants ont été
diverses.
Pour
ma part, j’ai saisi cette
occasion pour rappeler – et sans doute pour apprendre
à beaucoup – que, ce même
jour, un Vietnamien avait lui aussi versé son sang pour la
France[1].
Le
22 octobre, je lirai la lettre de
Huynh Khuong An… pas à mes
élèves, puisque j’ai quitté
l’enseignement il y a
bien des années. Mais,
oui, je lirai la
lettre de Huynh Khuong An, un patriote vietnamien, un communiste
français et
vietnamien. A mes proches, à mes amis et même,
tiens, aux participants des VII
è Assises de la Coopération franco-vietnamienne
qui commenceront, heureuse
coïncidence, précisément ce 22 octobre,
à Montreuil.
Huynh
comment ? Peu de Français,
peu d’historiens, peu de ses camarades de Parti connaissent
son nom.
Il a
pourtant avec Guy Môquet deux
points, au moins, en commun : il était communiste
et il a été fusillé à
Châteaubriand, comme otage, le 22 octobre 1941. Il
était, par rapport au jeune
Guy, un vieux. Pensez
donc : il
avait 29 ans !
Né
à Saigon, dans ce Vietnam que les
colonialistes s’obstinaient alors à appeler Indochine,
il était venu en France, à Lyon, pour y
poursuivre des études. Qu’il
réussit brillamment, au point de devenir professeur
stagiaire de français. Non
sans s’investir à fond dans la vie politique
française. Membre du PCF,
Secrétaire des Etudiants communistes de la région
lyonnaise, il milite
beaucoup, en particulier au sein des Amis
de l’Union soviétique aux
côtés de son amie et compagne Germaine Barjon. En
1939, après l’interdiction du PCF, il participe
à la vie clandestine de son
Parti.
Nommé
au lycée de Versailles, c’est là
qu’il est arrêté (les sources
divergent : en mars ou en juin 1941), puis
envoyé à Châteaubriand. Le suite,
terrible, est connue.
Voici
sa lettre :
« Sois
courageuse, ma chérie. C’est sans aucun doute la
dernière fois que je t’écris.
Aujourd’hui, j’aurai vécu. Nous sommes
enfermés provisoirement dans une baraque
non habitée, une vingtaine de camarades, prêts
à mourir avec courage et avec
dignité. Tu n’auras pas honte de moi. Il te faudra
beaucoup de courage pour
vivre, plus qu’il n’en faut à moi pour
mourir. Mais il te faut absolument
vivre. Car il y a notre chéri, notre petit, que tu
embrasseras bien fort quand
tu le reverras. Il te faudra maintenant vivre de mon souvenir, de nos
heureux
souvenirs, des cinq années de bonheur que nous avons
vécues ensemble. Adieu, ma
chérie. »
Il y
a, à Paris, au père Lachaise, un
monument érigé aux martyrs de
Châteaubriand. Sous le nom de Huynh Khuong An,
une simple mention, d’ailleurs anachronique : Annamite.
Je
livre cette courte évocation à la
réflexion. Et si la présence d’un
immigré,
d’un colonisé, aux côtés des
martyrs
français,
était un clin d’œil de
l’Histoire ? Et si elle prenait valeur de
symbole ? Le régime de
Vichy, qui a livré les otages, ou les nazis, qui les ont
fusillés, ont très
certainement considéré avec mépris cet
étranger venu se mêler aux terroristes.
Lui ont-ils demandé de
prouver, par son ADN, le droit de mourir pour la France ?
Je
ne suis pas partisan du boycott de
la lecture de la lettre de Guy Môquet. Mais lisons
également, comme en écho,
comme en réponse à la xénophobie qui
(re)pointe son mufle, celle d’un
Vietnamien, un étranger et notre
frère
pourtant.
[1]
Je me suis inspiré de la notice biographique fort bien
informée,
rédigée par Michel Dreyfus, « Huynh
Khuong An, dit Luisine », in Claude
Pennetier (dir.), Dictionnaire biographique
du mouvement
ouvrier français, Paris,
Éditions
de l'Atelier, 1988
Article paru dans L’Humanité, 19 octobre 2007.
La lecture lundi 22 octobre 2007 de la lettre de Guy Môquet, fusillé par les nazis, est à mettre en parallèle avec la lecture lundi 18 mars 1962 de la lettre du ministre de l’Éducation nationale de l’époque dans toutes les écoles de France.
Celui-ci entendait associer l’Université française au deuil lié à l’assassinat, par l’OAS, trois jours auparavant, de six fonctionnaires de l’Éducation nationale : « …Unis dans le sacrifice comme ils l’étaient dans leur œuvre d’éducation, ils doivent le demeurer dans notre souvenir ».
La décision de rappeler, aujourd’hui, le souvenir du sacrifice de Guy Môquet serait moins ambiguë si, par ailleurs, le pouvoir politique n’apportait pas sa caution à ces nostalgiques de l’Algérie coloniale qui honorent et justifient, aujourd’hui, les assassins des Inspecteurs des Centres sociaux éducatifs : « morts au champ d’honneur de leur travail…victimes de leur engagement pour les valeurs de la République ».
Il y a un mois, les élèves ont vu la pièce de théâtre la Question, mise en scène par François Chattot au Théâtre national de Chaillot. Ils ont bien sûr lu le livre d’Henri Alleg. Et, lundi dernier, veille du 1er mai, ils l’accueillaient en personne juste après la projection du film de Laurent Heynemann (1977), adaptation de la Question. Jack Ralite, sénateur et ancien maire d’Aubervilliers, a fait le déplacement pour assister à cette rencontre. À l’arrivée d’Alleg, accompagné de Mme Parquier, proviseure du lycée Le Corbusier, et de Catherine Robert, professeure de philosophie, à l’initiative de ce projet en plusieurs épisodes, les élèves se lèvent.
Sofia prend le micro pour souhaiter la bienvenue. « C’est un honneur. Je voulais vous remercier d’être présent parmi nous. Nous sommes très contents... » Émue, Fatima l’est aussi, qui a la lourde tâche de formuler la première question : « On aimerait.... ( lire la suite)
Par Alain Ruscio, historien. in l'Humanité 17/03/2007
À l’occasion des hommages nombreux qui seront rendus à Lucie Aubrac, les projecteurs seront surtout braqués - et c’est bien naturel - sur son action héroïque durant la Seconde Guerre mondiale. Mais sa vie citoyenne ne s’est pas achevée au moment de la capitulation de la bête immonde du nazisme.
Mais à Paris, des confrères affirment auprès des rédactions parisiennes que Didier Contant travaillait pour les services français et algériens dans le cadre de son enquête sur les moines, déconseillant toute publication de son investigation. Ces lobbies, composés de journalistes, d’éditeurs, d’avocats et d’organisations de droits de l’homme, brandissent le témoignage d’un sous-officier transfuge de l’armée algérienne, tendant à prouver l’implication de l’armée dans le rapt des moines. Didier Contant vivait cette campagne calomnieuse comme une catastrophe professionnelle ; dépossédé de son honneur, de sa dignité et de la capacité de gagner sa vie, il ne put l’accepter.
Rina Sherman livre un témoignage saisissant sur la mort de son compagnon, Didier Contant. Pour rendre hommage à l’homme qu’elle a aimé, elle raconte avec brio leur grande histoire d’amour et la tragédie qu’ils ont vécues. Son récit se lit comme un roman, comme un thriller, dans lequel suspense, investigation et combat se confondent dans une réflexion essentielle : il ne faut pas se taire afin que soit respecté l'un des droits fondamentaux de l’homme, la liberté d’expression.
Exilée d’Afrique du Sud en 1984, Rina Sherman, cinéaste et anthropologue, a fait ses études avec Jean Rouch avant d’effectuer une étude ethnographique sur les Ovahimba en Namibie et en Angola. Elle vit à Paris.
Conception graphique : JophanCher, très cher Abderrahmane Sissoko
Du fond du cœur, merci, merci.
Vous êtes l’honneur de l’humanité.
En cette époque cupide, sans pitié, égoïste et morose,
Dont le seul moteur est l’argent.
Vous avez poussé votre cri,
Un cri qui s’épanouit dans la lumière de l’espérance,
La rose de votre Bamako.
Votre film, par la puissance généreuse de son intelligence, tellement rayonnante qu’elle atteint au sublime,
Est une force extraordinaire,
Touchante et vénéneuse.
Et pas seulement pour les peuples d’Afrique
Car tous, nous sommes des Africains,
Stupide est celui qui le sent pas, ne le voit pas,
Tous, nous sommes confrontés à l’emprise des multinationales qui mènent le monde à sa perte et rêvent de notre retour à l’état d’esclave.
C’est pour ça que vivre est difficile -je veux dire vivre sans lutter-
Car tous, il suffit de s’unir et d’y croire.
Le monde est à nous, elle est à nous, la Terre,
Oui, Bamako est le film qu’il faut voir,
Dont notre jeunesse doit se nourrir,
Partout, à tous, il faut montrer ces imagesComédiens animés d’une inspiration si belle que l’on se demande s’ils jouent un rôle ou si ce que vous mettez, cher Abderrahmane, dans votre boîte est la réalité.
La vérité. Enfin elle apparaît,
arrachant les masques hypocrites de ces tyrans qui mènent le monde, travestis en bienfaiteurs.
Ce monde est à nous. Changeons-le ! Unissons-nous. Inversons le sens que ces soit-disant décideurs voudraient impulser à nos destinées. Construisons un avenir riche de solidarité et d’amour du prochain. A bas l’ère du libéralisme !Vive le monde des travailleurs libérés, vive la Terre !
Geneviève BUONO
Pour nous contacter, cliquez ici !
Site
hébergé par |
![]() |
Mentions
légales Copyleft "Agir Ici" 2006‚ tous droits réservés |
Remerciements www.le site du zéro |
Site Optimisé pour Mozilla FIREFOX 1.5 pour TOUS les navigateurs ! |